98                           Les Spectacles de la Foire.
le fuivre, elle fe tueroit ct empoifonneroit, avce des emportemens et injures les plus atroces et des menaces ct infolences jufqu'à lui mettre le poing fous le nez ct le défier de la maltraiter, afin qu'elle pût avoir un prétexte de demander fa réparation, ce qu'il fouffroit patiemment fans rien dire ; que le onze du préfent mois ayant dit à fon époufe qu'il fouhaitoit aller diner avec elle chez le fleur Baron, fon grand-père, qu'ils n'avoient pas encore vu depuis qu'ils étoient à Paris, elle lui répondit, devant la veuve Laumonier et la de-moifelle Alard, qu'elle n'y vouloit point aller ct aima mieux refter dans fa chambre jufqu'à deux heures fans fortir, ni aller à la meffe le dimanche fuivant ; que le foir, étant feul dans fa chambre, elle y rentra avec fa mère qui la blâma dé fa mauvaife conduite envers lui plaignant ; que lundi dernier, lui ayant demandé ce qu'elle avoit fait d'une montre d'or de valeur de 600 livres ct d'une croix de diamans qu'elle avoit eue en préfent de noces de fa grand'mère, elle ne voulut pas lui en rendre aucune raifon, ce qui lui fait juger qu'elle ne fuit que les mauvais confeils de fa mère pour faire dépit au plaignant; que le jour d'hier ladite dame de Baune vint dans la chambre de lui plaignant d'un air alarmé, lui dit qu'elle avoit appris qu'il avoit chargé fés piftolets ct quc cela l'épouvantoit ainfi quc fa femme, ce qui le furprit; et auffitôt il prit fés piftolets, en ôta l'amorce et les lui donna entre les mains et elle les emporta ; que «jourd'hui, fur les fix heures du foir, fortant de fa chambre où il avoit laiffé plufieurs de fés parens, il a été furpris de fe voir attaqué et maltraité par ledit Vautier, qui l'auroit /aifi par le bras en lui difant s'il étoit vrai qu'il vouloit le tuer; que lui ayant répondu qu'il ne l'cf-timoit pas affez pour cela, ledit Vautier l'auroit dans l'inftant faifi par la cra­vate d'une main et de l'autre frappé d'un coup de canne fur la tête, ce qui l'auroit obligé de la lui arracher des mains et de s'écrier au fecours. Au bruit, lefdits (ieur et dame de Baune étant furvenus, ledit fleur de Baune lui a arra­ché fon épée de fon côté toute nue, et cn même tems, avec ledit Vautier, l'auroient chargé de coups et injures les plus atroces avec les derniers empor­temens et menaces de le tuer, laquelle infulte lui a paru concertée entre eux et fa femme pour le faire affaffiner ; d'autant qu'ayant voulu, fur les fept heures du foir, rentrer dans fa chambre, Ia porte lui en a été refufée par le fieur Dame, oncle paternel de ladite dame de Baune, qui lui auroit dit qu'il avoit reçu l'ordre de ne lui point ouvrir, non plus que tous les domef-tiques, fous peine d'être chaffés; que lui ayant demandé fon épée et fon linge ct fés hardes à fon ufage, qui étoient en ladite chambre, ils n'ont voulu les lui rendre, ce qui l'a obligé de fe retirer pour venir rendre la préfente plainte.
Signé : Pierre Latraverse ; Bizoton.
(Archivct ati Comm., -4 77 -)
Voy. Baxter. Maurice. Opéra-Comique. Saint-Edme. Sorin.